Fronde de 19 cm maximum (plus fréquemment 3-6 cm) sur un stolon accroché au substrat à l'aide de rhizoïdes fins et courts
Axe cylindrique portant des ramules espacés en forme de massues disposées de façon distique ou radiale
Ramules orientés vers le haut, de 7 mm de longueur et 3 mm de diamètre maximum
Racémosa, raisin de mer, caulerpe raisin, caulerpe à billes
Grape caulerpa (GB), Caulerpa a grappoli (I), Kriechsprossalge (D), Groen druifjeswier (NL)
Ahnfeldtia cylindracea (Sonder) Trevisan 1849
Caulerpa complanata J.Agardh 1873
Caulerpa cylindracea var. macra Harvey 1858
Caulerpa racemosa f. complanata (J. Agardh) Weber-van Bosse 1898
Caulerpa racemosa var. [laetevirens] f. cylindracea (Sonder) Weber-van Bosse 1898
Caulerpa racemosa var. cylindracea (Sonder) Verlaque, Huisman & Boudouresque 2003
Chauvinia cylindracea (Sonder) Kützing 1849
Méditerranée, Atlantique proche, océan Indien (sud-ouest de l’Australie), Pacifique Ouest
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ● Indo-PacifiqueCaulerpa cylindracea a été décrite de la région de Perth (sud-ouest de l'Australie). Sa présence est attestée en Australie, Indonésie et Nouvelle-Calédonie.
Introduite en Méditerranée vers la fin du XXe siècle (première observation en Libye en 1990), elle a envahi tout le bassin méditerranéen ainsi que les îles de l'Atlantique proche (Canaries).
En Méditerranée, Caulerpa cylindracea peut se rencontrer de la surface (elle peut même pousser dans le médiolittoral* lorsque le ressac est important) jusqu'à 70 m de profondeur (profondeur optimale : 15-30 m), sur tous types de substrats*, à l'exception des fonds meubles sableux instables (fonds à ripple-marks*).
Cette espèce de caulerpe présente des variations de forme selon son lieu géographique. Ici nous décrivons la forme vue en Méditerranée.
La fronde*, de couleur verte, est élancée et fixée au substrat par de fins rhizoïdes* répartis sur le stolon*. Les rhizoïdes mesurent de 1 à 10 mm de longueur et de 0,3 à 0,8 mm de diamètre. Le diamètre du stolon varie de 0,7 à 2 mm. Il porte des axes dressés cylindriques, de 2 à 19 cm de hauteur (11 cm en moyenne), couverts de ramules* latéraux courts, simples et orientés vers le haut.
La base des axes est légèrement gonflée juste au-dessus du stolon.
La largeur totale de la fronde varie de 3 à 10 mm. Les ramules, jusqu'à 7 mm de longueur et 3 mm de diamètre, varient de sphériques plus ou moins comprimés latéralement à cylindriques en forme de massue. Ils se disposent sur deux rangs opposés (disposition distique*) lorsque l'éclairement est réduit (biotopes* ombragés et en profondeur) ou de façon radiale, tout autour de l'axe, lorsque l'éclairement est important (près de la surface) ; le même axe peut présenter ces 2 dispositions.
Les caulerpes « raisins de mer» sont représentées par différentes espèces, variétés et formes largement distribuées dans les eaux tropicales à tempérées. Plusieurs d'entre elles se rencontrent dans les zones qui intéressent DORIS, cependant des investigations scientifiques sont en cours afin de préciser leur statut taxonomique.
En Méditerranée, 3 représentants de ce groupe de caulerpes ont été signalés : l'espèce envahissante qui fait l'objet de cette fiche, et 2 autres, présentes en Méditerranée orientale depuis plus longtemps :
Caulerpa chemnitzia (Esper) J.V. Lamouroux (signalée sous le nom de C. racemosa var. turbinata-uvifera) qui est une espèce considérée comme pantropicale. Sujette à d'importantes variations de formes, elle a de nombreux synonymes dans la littérature scientifique. Sa présence est attestée aux Antilles et en Nouvelle-Calédonie. De nouvelles investigations scientifiques seront nécessaires pour attester sa présence dans les autres territoires français d'outre-mer. Elle se caractérise par des grands piliers rhizoidaux et des ramules serrés, sphériques à aplatis apicalement.
La troisième caulerpe est attribuée jusqu'à présent à Caulerpa racemosa [var. lamourouxii] f. requienii (Montagne) Weber-van Bosse, un taxon originaire de mer Rouge, présent aussi en Indonésie. Elle se caractérise par l'absence de ramules sur les axes.
Les algues sont autotrophes*, c'est-à-dire qu'elles fabriquent leurs molécules organiques par photosynthèse*, à partir de dioxyde de carbone, de sels minéraux et d'eau. La photosynthèse, processus de transformation de l'énergie lumineuse en énergie chimique, n'est possible, comme pour toutes les algues vertes, que dans une situation d'éclairement.
Cette algue a plusieurs modes de multiplication :
Multiplication végétative : par fragmentation et bouturage ou par dissémination de ramules transformés en propagules qui peuvent se détacher facilement de l'axe et régénérer un thalle* complet.
Reproduction sexuée : l'espèce est monoïque*, le même thalle porte des gamètes* mâles et femelles distincts. Elle est aussi holocarpique*, c'est-à-dire que la totalité du cytoplasme* des cellules forme des gamètes qui sont libérés simultanément, entraînant la mort de l'individu souche dans les heures qui suivent. L'émission des gamètes est précédée par l'apparition de petites papilles et la transformation du cytoplasme en un réseau vert clair à marron orangé. Le nuage vert de gamètes est émis peu de temps avant l'aube pendant l'été.
En Méditerranée, cette algue est consommée par plusieurs poissons herbivores : la bogue (Boops boops), le pageot acarné (Pagellus acarne) et la saupe (Sarpa salpa), ainsi que le poisson-lapin à queue tronquée (Siganus luridus).
Elle est aussi consommée par l'oursin comestible (Paracentrotus lividus) et l'oursin granuleux (Sphaerechinus granularis), ainsi que par les mollusques Aplysia sp., Ascobulla fragilis, Bittium latreillei, Elysia tomentosa, Lobiger serradifalci et Oxynoe olivacea.
Les Caulerpes, produisent des métabolites secondaires toxiques (sesquiterpènes) de défense qui ont des activités anti-microbiennes (rôle dans la cicatrisation) et limitent l'épiphytisme et le broutage bien que certains prédateurs puissent la consommer (voir paragraphe vie associée).
Caulerpa cylindracea peut régresser en hiver à faible profondeur dans les zones battues.
La distinction entre les 3 variétés présentes en Méditerranée et l'identification de la souche originaire du sud-ouest de l'Australie ont été confirmées par analyse génétique. La dissémination en Méditerranée de cette algue venant d'une zone géographique bien localisée et lointaine pousse à envisager l'hypothèse d'un accident d'aquariophilie ou d'une introduction volontaire. Les conditions abiotiques* (température, luminosité, salinité) entre la localité d'origine et la Méditerranée occidentale sont très voisines et peuvent expliquer le succès foudroyant de la dissémination de cette espèce depuis les années 90s. Seules l'algue à crochets Asparagopsis armata et l'algue filamenteuse rouge Womersleyella setacea ont eu une progression comparable lors de leur introduction en Méditerranée.
En raison de son impact sur les habitats et les sédiments, Caulerpa cylindracea est considérée comme un modificateur d'habitat, c'est une espèce ingénieur* d'écosystème puisqu'elle génère un nouvel habitat : la prairie de Caulerpes.
En Corse, le réseau caulerpes vise à cartographier les espèces envahissantes (C. cylindracea et C. taxifolia) et de proposer les solutions adaptées à leur éradication ou limitation de propagation. Néanmoins, seule C. taxifolia est concernée par les actions, car on ne sait pas encore combattre C. cylindracea.
Plusieurs espèces de caulerpes "raisins de mer" sont cultivées et consommées en Asie, on les trouve sur les marchés locaux, mais un des « raisins de mer » les plus consommés appartient en fait à une autre espèce de Caulerpe : Caulerpa lentillifera J. Agardh 1837.
PS : cette fiche a été mise à jour début 2014 à l'occasion d'une révision scientifique du complexe Caulerpa racemosa-peltata qui a renommé plusieurs espèces dont l'espèce envahissante en Méditerranée. Cette fiche est encore susceptible d'être mise à jour si de nouvelles informations pertinentes pour le plongeur sont disponibles.
Aussi étrange que cela puisse paraître, cette espèce n'est pas réglementée (2012).
Cylindracéa est la reprise du nom actuel de cette algue, comme racémosa était la reprise directe du nom précédent de cette espèce. Raisin de mer se réfère à l'aspect des ramules verts et sphériques, rappelant des raisins verts.
Caulerpa : du latin [caulis] = tige et du grec [erpo] = ramper, soit qui possède une tige rampante (stolon),
racemosa : du latin [racemosus] = qui est en forme de racème c'est-à-dire de grappe,
cylindracea : du latin [cylindrus] = cylindre, gros rouleau. Le nom d'espèce cylindracea se réfère aux rondeurs des différentes parties de cette algue.
Numéro d'entrée WoRMS : 660621
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chlorophyta | Chlorophytes | Embranchement très vaste et hétérogène de plus de 7000 espèces d'algues vertes. Unicellulaires (flagellées ou non), coloniales, filamenteuses, thalles* siphonés* ou non. Benthiques* et fixées ou planctoniques*. Subaériennes, eaux douces, saumâtres et marines. |
Classe | Ulvophyceae | Ulvophycées | Organismes multicellulaires. Zoïdes et spores possèdent généralement 2 et 4 flagelles respectivement. Cycle de reproduction variable. Habitat essentiellement marin et benthique. |
Ordre | Bryopsidales | Bryopsidales | Thalles* siphonés*. Cycles de reproduction diphasiques*, haplodiplontiques*, algues monogénétiques majoritairement haplontiques (n chromosomes, le genre Codium serait une exception) ou digénétiques*. Majoritairement marines (un genre d'eau douce). |
Famille | Caulerpaceae | Caulerpacées | Algues dotées de stolons rampants parsemés de phylloïdes (feuilles) de formes diverses. |
Genre | Caulerpa | ||
Espèce | cylindracea |
Fronde typique
La couleur est vert pomme. Les axes branchus dressés sont cylindriques, pouvant atteindre 19 cm de hauteur (11 cm en moyenne). La largeur totale de la fronde varie de 3 à 10 mm.
Port-Cros (83), Gabinière Ouest, 20 m
31/05/2009
Stolons
Le diamètre du stolon varie de 0,7 à 2 mm.
Port-Cros (83), Gabinière Est, 15 m
05/07/2011
Photo légendée
Cette photo légendée montre les principales caractéristiques morphologiques de la souche Caulerpa cylindracea envahissante en Méditerranée.
Aquarium (prélèvement à Villefranche-sur-Mer, 15 m)
26/08/2005
Petite grappe
L’arrangement distique* des ramules* (disposés sur deux rangs opposés) est bien visible sur cette photo.
Port Cros (83), La Gabinière, 10 m
05/09/2009
Pigment perdu
Cette fronde dépigmentée est morte, probablement après avoir relâché ses gamètes.
Port-Cros (83), Sec de la Gabinière, 20 m
31/05/2009
Vue d'ensemble
Caulerpa cylindracea est une algue verte qui peut couvrir de larges étendues sur le substrat, ici sableux, à des profondeurs pouvant atteindre 70 m.
La Tradelière, Antibes (06), 40 m
11/08/2007
Beau bouquet
Le tapis de Caulerpa cylindracea peut être très dense mais n’empêche pas l’installation d’autres espèces, ici une diazone.
Sec du Langoustier, Porquerolles (83), 36 m
19/05/2007
Arrivée à Stareso
Petite tache profonde.
Revellata (2B), STARESO, 38 m
24/10/2008
Sous un surplomb
Cette algue se rencontre dans des environnements très variés, ici sous un surplomb à faible profondeur.
Port-Cros (83), Pointe du Vaisseau, 6 m
06/07/2011
Expansionnisme
Les stolons s’étalent, les rhizoïdes sont bien visibles sur celui de gauche.
Balun, Vis (Croatie), 18 m
29/09/2005
Réseau caulerpes en Corse
Des plongeurs cartographient les espèces envahissantes C. cylindracea et C. taxifolia pour que les scientifiques puissent proposer les solutions adaptées à l’éradication ou à la limitation de propagation de ces espèces.
Bastia (2B), Anse de Porto Vecchio
03/05/2009
A Mayotte
Caulerpe mahoraise, avec des boules aplaties, bien différente des espèces de Méditerranée.
Mayotte, N'Gouja, 6 m
16/05/2012
A La Martinique
On trouve du « raisin de mer » dans toutes les eaux tropicales et tempérées des océans. Le complexe Caulerpa racemosa comporte de nombreuses variétés et formes différentes.
La Martinique, Saint-Pierre, Canyons de Babodi, 18 m
14/05/2008
Espèce martiniquaise
Vue de plus près, mais il est impossible sur cette photo de dire avec précision de quelle variété il s’agit.
La Martinique, Saint-Pierre, Canyons de Babodi, 18 m
14/05/2008
Espèce asiatique
L’aspect de ce « raisin de mer » est différent : les ramules sont sphériques, leur arrangement est radial. Ici les frondes sont courtes et couchées.
Philippines, Dauin, 20 m
01/12/2011
Prédateur
Elysia tomentosa, reconnaissable à la fine bordure rouge sur les parapodes verts, se nourrit de Caulerpa cylindracea.
Apo (Philippines)
28/04/2006
Sur un marché d'Asie
Certains "raisins de mer" sont cultivés et vendus au marché pour consommation humaine. Une des espèces les plus consommées est Caulerpa lentillifera J.Agardh 1837, très probablement représentée sur cette photo.
Philippines, Negros, marché de Malatapay
30/11/2011
Rédacteur principal : Véronique LAMARE
Correcteur : Marc VERLAQUE
Responsable régional : Véronique LAMARE
Belton S., Prud'homme van Reine W.F., Huisman J.M., Draisma S.G.A., Gurgel C.F.D., 2014, Resolving phenotypic plasticity and species designation in the morphologically challenging Caulerpa racemosa-peltata complex (Chlorophyta, Caulerpaceae), Journal of Phycology, DOI: 10.1111/jpy.12132 (sous presse).
Klein J., Verlaque M., 2008, The Caulerpa racemosa invasion: A critical review, Marine Pollution Bulletin, 56, 205–225.
Renoncourt L., Meinesz A., 2002, Formation of propagules on an invasive strain of Caulerpa racemosa (Chlorophyta) in the Mediterranean Sea, Phycologia, 41(5), 533-535.
Verlaque M., Durand C., Huisman J.M., Boudouresque C.-F., Le Parco Y., 2003, On the identity and origin of the Mediterranean invasive Caulerpa racemosa (Caulerpales, Chlorophyta), Eur. J. Phycol., 38, 325-339.
La page sur Caulerpa cylindracea sur le site de référence de DORIS pour les algues : algaeBASE